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Près de Paris : un projet de mine de gypse sur une ancienne zone radioactive

A quelques kilomètres de Paris, le long de la promenade de la Dhuis et sur les communes de Courtry, Coubron et Vaujours, trône le Fort de Vaujours. Cette ancienne fortification militaire a été utilisée de 1951 à 1997 par le commissariat à l’énergie atomique (CEA) pour y développer les détonateurs des bombes atomiques de l’armée Française.
Pendant des années, le CEA a pratiqué sur le site des essais nucléaires dits sous-critiques (ou tirs “froids”). Ces tirs consistaient à l’explosion de bombes atomiques factices construites autour de sphères d’uranium 238. Ces tirs ont été réalisés à l’air libre aussi bien qu’en salles de tirs. Les débris et éclats d’uranium causés par les explosions à l’air libre étaient projetés bien au delà du fort, parfois jusqu’à plus d’un kilomètre.
Les éclats d’uranium et autres déchets étaient évacués à grandes eaux dans des puits dit de "lavage" profonds de plusieurs dizaines de mètres. 14 de ces puits ont été recensés sur le site. Une contamination des sols en matières uranifères (uranium 238 entre autres) a été confirmée en 2001 par la CRIIRAD (Commission de Recherche et d’Information Indépendante sur la Radioactivité), la SUBATECH, et par le CEA lui-même qui a reconnu que certains ouvrages contaminés avaient été noyés dans le béton compte tenu de l’impossibilité de les décontaminer.
Rappelons que l’Uranium 238 est un toxique chimique qui présente une très forte radiotoxicité par inhalation. Ainsi une exposition par contamination interne peut avoir sur le long terme des effets sur la santé sous la forme de cancers et de leucémies.
Suite à ces découvertes, entre 2001 et 2002, une dépollution sur seulement 0,22% de la surface du fort fut réalisée par l’Etat français : une campagne d’assainissement très limitée compte tenu des coûts astronomiques qu’impliquent ce genre de travaux. Pour preuve de l’insuffisance des campagnes de dépollution de l’époque, en mai 2011, une mesure de radioactivité, 33 fois supérieure à la norme, a été relevée dans l’enceinte du fort de Vaujours sur un point chaud détecté par la CRIIRAD en 2001.
A cette pollution exceptionnelle en proche banlieue, s’ajoutent des risques non moins importants liés à la présence d’explosifs en subsurface, de pollutions aux métaux lourds (Arsenic, Mercure, Amiante, Cuivre, Plomb, Tungstène, Zirconium, etc.) ainsi que des pollutions chimiques (Dioxine, PCB, Perchlorate d’ammonium, etc).
Suites aux pressions et à la mobilisation de l’époque, les préfectures ont décidé, en date du 22 Septembre 2005, de frapper le site de servitudes ; ainsi l’arrêté préfectoral précise que « Les terres issues de travaux de terrassement, construction ou modification du terrain doivent être stockées sur le site même ». Il précise également : « un usage résidentiel, des activités agricoles, des activités entraînant la présence régulière d’enfants, les établissements recevant du public et les lieux de rassemblement de personnes (parc public, camping, aire de spectacle, …) sont proscrits ».
Cette activité nucléaire et chimique passée peut-elle expliquer pourquoi les taux de décès par tumeurs sont anormalement élevés sur la ville de Courtry ?
Depuis 2010, le site de 45 hectares est la propriété de la société BP PLACO (Placoplâtre), filiale du groupe St-Gobain, et de la Communauté d’Agglomération de Marne et Chantereine. Placoplâtre souhaite détruire le fort et extraire des millions de m3 de terres potentiellement contaminées afin d’y ouvrir une carrière de gypse (pierre à plâtre) à ciel ouvert. La Communauté d’Agglomération de Marne et Chantereine (CAMC), propriétaire de 11 hectares, souhaite y implanter une zone d’activité économique.
Placoplâtre, pour réaliser son exploitation des sous-sols du fort, a besoin que les arrêtés préfectoraux de servitudes d’utilité publique qui frappent le site soient levées ou modifiées pour permettre une sortie des terres hors du site. Le 4 avril 2013, à la demande des nouveaux propriétaires, les conseillers municipaux de la ville de Courtry ont voté à l’unanimité la révision du Plan Local d’Urbanisme afin de permettre la réalisation de ces projets. Tout est donc en marche pour ce qui pourrait être un des plus grands désastres sanitaires de l’Est Parisien, voire de la région parisienne.


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