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Nuisible : c’est celui qui le dit qui l’est

Rien de plus efficace pour égarer une société que de frauder sur les mots. En ce pays où les lobbies contre nature sont plus puissants que partout ailleurs, la faune subit une classification légale parfaitement archaïque. Les espèces sont rangées en trois groupes :
**Les espèces protégées dont la destruction, la naturalisation, le transport, l’utilisation sont prohibées. Les agressions contre ces espèces constituent, en droit pénal, un délit correctionnel. Figurent sur cette liste tous les rapaces, les petits passereaux de taille inférieures à celle d’un merle et certains mammifères tels qu’écureuils, loutres, genettes, lynx, ours et loups.
**Les espèces qualifiées dans une terminologie exécrable de « gibiers », pouvant être tuées à la chasse, par des titulaires de permis de chasser. Une soixantaine d’espèces d’oiseaux dont une majorité d’oiseaux d’eau et quelques dizaines de mammifères meublent ainsi le stand de tirs des chasseurs Français, liste plus longue que toutes celles des autres pays européens.
**Enfin, certaines espèces se voient affublées du vocable de « nuisibles » ce qui d’un point de vue scientifique est aberrant. Elles peuvent être persécutées par tout propriétaire, possesseur et fermier, selon la législation, en pratique, par tout chasseur. Pâtissent de cette malédiction cynégétique nombre de petits prédateurs tels que renards, fouines, martres et certains oiseaux notamment corvidés.
Or, dans la nature, nulle espèce ne peut être considérée comme nuisible. La biodiversité implique le jeu des concurrences interspécifiques et faire disparaître une espèce aboutit à créer un déséquilibre préjudiciable. Ainsi, un renard consomme près de six mille rongeurs en une année ce qui s’avère triste pour les rongeurs. Mais la présence de renards, de fouines, de martres, de putois prévient les explosions de populations de campagnols et évitent ainsi les campagnes d’empoisonnements jamais sélectives, perpétrées par les agriculteurs. Loin d’être « nuisibles », les prédateurs participent aux équilibres de la nature et ayant un taux de reproduction très sensible au niveau de populations de leurs proies, ne peuvent pas proliférer.
Mais, ignorant des sciences de la nature comme hermétique à la morale de la compassion, le chasseur français voue une hostilité irrationnelle aux prédateurs qu’il perçoit comme des concurrents. Le politicien français obéit docilement aux injonctions des tueurs agréés et voilà pourquoi, dans la règlementation, perdure la rubrique des « nuisibles ».
Cependant, le seul nuisible est celui qui par ses agissements compromet la pérennité du vivant dans sa généreuse diversité et celui-là n’est ni l’aigle royal, naguère « nuisible », ni la martre ou le renard dont les mérites seront un jour reconnus. Le coup de fusil sur un renard n’est pas moins scandaleux que sur un chien et il advient d’ailleurs que faute de renard certains chasseurs tuent un chien, voire un cheval. Les deux canidés appellent notre sympathie et notre protection.
Pour masquer que ces campagnes de destructions ne relèvent que d’un bas instinct de mort, la propagande lourde, maladroite, mensongère, des amateurs de tueries, invoque des prétextes farfelus : lutter contre la rage, puis lorsque celle-ci disparaît contre l’echinoccocose, ou pour protéger les vieilles dames et les petits enfants menacés par le carnivore. Bien sûr, la vérité est que des hommes inquiétants font de la prérogative d’ôter la vie une jubilation, un piètre loisir. Le reste n’est que paravent des impostures. Le monde contemporain se révèle hostile au vivant. Les espaces naturels sont artificialisés. Les animaux meurent sur les routes, dans les champs empoisonnés et la marée du béton ronge la terre plus sûrement que les tempêtes d’équinoxe les côtes urbanisées.
Dans ce contexte, poursuivre la guerre d’extermination traduit une grave absence de raison et d’empathie. Qu’il se trouve des individus aimant tuer pose un défi moral à nous tous. Mais que les décideurs de ce pays prêtent la main à ces obscurantismes devenus très minoritaires dans la population, interroge sur le sens des responsabilités des auteurs du droit. Dans quelques décennies, nos successeurs auront bien du mal à comprendre ces attitudes à la fois cruelles et stupides.


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