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Débat sur l’énergie : un écran de fumée pour occulter la politique du fait accompli

Aujourd’hui s’ouvre le "grand débat sur l’énergie" promis par François Hollande. Le Réseau "Sortir du nucléaire", invité en dernière minute à participer, a décliné la proposition et rappelle ses doutes très importants sur un processus qui semble uniquement destiné à entériner la politique gouvernementale.
Contacté en dernière minute, sans doute pour occuper les chaises laissées vides par le départ de Greenpeace et des Amis de la Terre, le Réseau "Sortir du nucléaire" a refusé de servir de caution à un processus opaque, qui a tout d’une usine à gaz aux règles du jeu insondables. On est très loin d’un vrai débat démocratique et transparent sur l’énergie tel que les choix énergétiques le mériteraient.
Depuis plusieurs mois, le Réseau "Sortir du nucléaire" a exprimé ses doutes sur ce processus. Quel sens a ce "débat" si les décisions engageantes pour l’avenir énergétique sont adoptées ailleurs ? En six mois, le gouvernement a ainsi, sans concertation, appelé à accélérer les travaux de la mine d’uranium d’Imouraren au Niger ; soutenu fortement le projet de réacteur « de 4ème génération » Astrid ; réaffirmé le choix de la production et de l’utilisation de combustible MOX ; confirmé l’exportation de la technologie nucléaire ; signé le décret de création d’ITER…
Quel sens a ce débat si plusieurs membres du gouvernement ont une opinion tranchée sur le nucléaire, « énergie d’avenir » dont la France aurait « durablement besoin » ? Si Anne Lauvergeon, personnification même de l’industrie nucléaire, siège au comité de pilotage du débat ?
Le débat est censé étudier, entre autres, la "réduction de la part du nucléaire dans le mix électrique". De quelle réduction peut-on parler si l’EPR de Flamanville doit être mis en service, et que même la fermeture de Fessenheim en 2016 ne peut être tenue pour acquise, le gouvernement n’ayant apporté aucun démenti aux voix qui remettaient en question l’arrêt de la centrale ?
Y a-t-il une vraie volonté du gouvernement de réaliser cette réduction, Arnaud Montebourg ayant déclaré "irréaliste de vouloir diminuer le nucléaire et le pétrole, tout en trouvant de l’argent pour financer les renouvelables" ?
Tout laisse à penser que ce débat est surtout destiné à entériner la protection de l’industrie nucléaire et à couper court aux projets de fermeture de centrales. On est bien loin d’une véritable "transition énerg’éthique" qui passerait par une réelle remise en question de notre production et de notre consommation d’énergie !
Enfin, peut-il y avoir un vrai débat si la société civile n’est pas respectée ? À ce jour, Delphine Batho n’a apporté aucune réponse aux sollicitations des associations sur la fermeture de Fessenheim, y compris à la lettre ouverte que nous lui avons envoyé le 22 novembre. Surtout, comment peut-il y avoir un débat serein alors que les opposants aux grands projets imposés ne récoltent que la répression policière ?
Pour le Réseau "Sortir du nucléaire", ce n’est pas ce simulacre de démocratie qui permettra d’engager enfin la transition indispensable vers des énergies propres, sûres et créatrices d’emplois.
Et cet autre communiqué, qui complète le tableau :
Tout en parlant de réduire le recours au nucléaire et aux hydrocarbures,
M. Hollande reçoit à l’Élysée le dictateur kazakh pour lui acheter uranium
et pétrole… en oubliant consciencieusement la question démocratique…
Pour prendre la mesure de l’esbroufe que représente le prétendu "Débat national sur la transition énergétique" qui s’ouvre aujourd’hui, il suffit de noter que, le 21 novembre, le dictateur kazakh Nursultan Nazarbaev a été discrètement reçu à l’Elysée par François Hollande.
Il faut dire que le Kazakhstan regorge de ressources naturelles, en particulier de pétrole et d’uranium : c’est là l’explication de l’empressement des dirigeants français à fréquenter M. Nazarbaev, en faisant mine de ne pas savoir que ce dernier, au pouvoir depuis près de 25 ans, impose le culte de sa personnalité et réduit les derniers espaces de liberté qui existent encore dans son pays.
D’ailleurs, le jour même de la rencontre Hollande-Nazarbaev, le parquet général du Kazakhstan, qui est totalement assujetti au pouvoir dictatorial, a annoncé son intention de faire interdire un parti et une trentaine de médias d’opposition (cf http://bit.ly/UcNIQh ).
Le communiqué de l’Elysée (cf http://bit.ly/R0vapq ), d’à peine dix lignes, est un chef d’œuvre de langue de bois : "Les deux Présidents ont évoqué le dynamisme des relations bilatérales, en particulier dans le domaine économique." Rien sur la démocratie, aucun détail sur le business de l’énergie…
On notera la parfaite continuité avec la politique de Nicolas Sarkozy qui s’était rendu à Astana en octobre 2009 et avait reçu Nazarbaev en octobre 2010, ce qui avait déjà été pointé par l’Observatoire du nucléaire
(cf http://observ.nucleaire.free.fr/nazarbaev-kadhafi.htm ).
Les participants au mauvais spectacle du "Débat national sur l’énergie" peuvent bien parler de la prétendue "transition énergétique", la réalité est que la France continue à s’acoquiner avec des dictateurs pour importer et consommer toujours plus de pétrole et d’uranium.
La visite de Nazarbaev était justement l’occasion de se poser quelques questions sur l’approvisionnement du parc nucléaire français : ce dernier est censé relever de l’indépendance énergétique mais 100% du combustible, l’uranium, est importé. Ayant déjà contaminé la France et l’Afrique - en particulier le Niger - avec les mines d’uranium, le lobby de l’atome ne se formalisera pas des ravages causés à l’environnement du Kazakhstan…
D’ailleurs, le lendemain de sa rencontre avec M. Hollande, M. Nazarbaev rencontrait Bernard Bigot, le patron du Commissariat à l’énergie atomique, organisme qui n’a jamais été gêné de coopérer avec des tyrans.
(cf http://en.trend.az/regions/casia/kazakhstan/2091268.html )
Notons enfin que, le 22 novembre, les membres du Bureau International des Expositions (BIE) étaient réunis à Paris pour choisir la ville qui accueillera l’Exposition internationale 2017 : comme par hasard, la gagnante est Astana, capitale du Kazakhstan. La ville belge de Liège, l’autre concurrente, n’avait de toute évidence pas les moyens de "motiver" les votants ( http://bit.ly/UrZzKF ). Le thème de l’exposition sera… "L’énergie du futur". Pétrole et nucléaire au programme…


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